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Warax

La guerre et la manipulation idéologique, c'est très vilain, nous apprend Pavel Hak dans un quatrième roman bâclé.

 Le titre l'annonce: dans Warax, il va être question de guerre et d'anthrax. Cette contraction des mots annonce aussi que ce sera fait avec une subtilité toute relative. Warax, en plus d'une habile alliance de termes, est le nom d'un des personnages du quatrième roman de Pavel Hak, un marchand d'armes très méchant et puissant, qui voit dans la guerre un moyen d'étendre sa richesse, quitte à menacer la population de son pays d'un conflit bactériologique pour y parvenir. D'où l'anthrax. Rappelons-le : juste après le 11 Septembre, des enveloppes contenant ce bacille dangereux ont été retrouvées aux Etats-Unis, faisant naître une (autre) psychose.
Si Ed Ted Warax est celui qui tire les ficelles dans le monde décrit par Pavel Hak, les passages qui lui sont consacrés alternent avec trois autres histoires : celles d'un jeune ambitieux qui tente de sauver sa carrière médiatique, d'un groupe d'immigrés clandestins et d'un humain qui essaie de survivre après un cataclysme. Mais en fait tout est lié, et on découvrira. à la fin, ô surprise, que la guerre et la manipulation, c'est mal. En soi, ça n'est pas faux. Dans l'absolu, ça pourrait être formidable, un roman se penchant sur le déplacement des lieux de pouvoir. Pavel Hak, 47 ans, aurait pu être l'auteur de ce livre-là, lui qui, dans son précédent ouvrage, Trans, livrait une fable grinçante sur l'humanité, à l'écriture teintée d'impressionnisme. Mais c'est justement ce qui manque à Warax : une écriture. Bâclée, elle le transforme en un roman bêtement démonstratif. Quand on ne nage pas dans la vaine grandiloquence, ou que l'on n'assiste pas à une scène porno grotesque, on tombe carrément dans l'absurde et la redondance : "Le cadavre de Kate morte n'y était pas. Ce qui laissait supposer qu'elle était encore vivante." À se demander ce qui est arrivé à Pave1 Hak.

 R. L