Pavel Hak

Et si Karl Marx demeurait d'actualité ? Face aux progrès informatiques et circonvolutions géopolitiques, la lutte des classe se confronte aux intérêts égoïstes. Dans ce roman (ou pamphlet ?), Pavel HAK dépeint la cynique domination des groupes politico-sociaux détenteurs du capital financier et politique (Roy Kingley) sur les autres (caissière romaine, commando étatsunien). A différentes échelles (systémique, régionale, micro, individuelle, intra-étatique), cette violence contemporaine protéiforme (attentats terroristes, trafic d'êtres humains, guérillas, opérations militaires, esclavage moderne) traverse ce livre ; cette agression des esprits et des corps - y compris sexuelle - en est le moteur. L'écrivain s'attaque à la relation entre les politiciens, les médias et l'argent alimentant une hystérisation du monde à des fins personnelles en s'appuyant sur la dépravation intellectuelle, la fascination pour l'horreur et des idéologies douteuses ("choc des civilisations", impérialisme guerrier). La plume hargneuse de Pavel HAK déploie une écriture nerveuse concentrée sur l'action ; tel un scénario cinématographique. On ressent une rage dans l'écriture ainsi qu'une forme de militantisme et d'alerte aux consciences. le cynisme est imposé par la réalité du sujet dont l'inhumanité est tue (immigration de la pauvreté, exploitation des faibles, ruine, mort inévitable). Cependant, les dialogues convainquent peu, les répétitions à chaque phrase des identités agacent tandis que l'usage de termes complotistes dérange. Et pourtant, je fus globalement emporté par cette flopée de personnages, réguliers ou ponctuels (financiers, complexe militaro-industriel, classes moyennes, pauvres aèdes, commando US, insurgés), se croisant au gré de petits chapitres entremêlés et parfois déroutants. Leur identité importe peu puisque c'est leur réalité et, pour les puissants, leur rôle dans le système qui compte et qui est au coeur de cet ouvrage. On est encore tout décoiffé bien après l'avoir lu. Il s'agit ici d'une littérature engagée, voire de combat intellectuel, posant un regard critique sur une réalité abordée via la fiction.