Entretien avec Pavel Hak par Lorent Corbeel

Indications pose un regard, dans ce numéro, sur le choix de certains écrivains d'écrire en français plutôt que dans leur langue maternelle. C'est votre cas Pavel Hak... 

Oui en effet, je suis né en Tchéquoslovaquie et je suis arrivé en France après mes vingt ans. Quitter ce régime-là était important pour moi. Ça peut paraitre étonnant, mais quand on ne peut pas étudier la philosophie ou la littérature, c'est très grave. Car ma rencontre avec la littérature a été déterminante. Kafka, Dostoïevski, Shakespeare, Hemingway. Plus tard Joyce, Faulkner... Il y a une force et une beauté incroyable dans le lien direct qui peut se nouer avec certains auteurs. Dans la jeunesse, la lecture témoigne d’une volonté de s'orienter, de se construire comme un être humain autonome. Alors j'ai fait un choix, celui de l'exil, pour des raisons intellectuelles et politiques, plus que pour des raisons matérielles. Je voulais étudier. Je voulais pouvoir me confronter avec la littérature, la philosophie, la peinture, le cinéma. Avec tout ce qui pense. Avec la pensée. La pensée, c’est central.

Il n'y a pas de bonnes révoltes sans de vrais axes politique - il faut pouvoir s'orienter dans la bataille. À ce titre, le savoir est prépondérant. Encore aujourd'hui je suis très sensible à cette question-là : étudier est très important. Le gouvernement français actuel est en train de créer un nouveau système élitiste d'où sont exclus ceux qui ne sont pas nés dans les bons quartiers. On les prive d'un vrai savoir, construit, consistant, complexe, qui permet d'affronter le monde, d'être armé : les pierres c'est bien, mais les idées c'est mieux.

Écrire en français a donc aussi été un choix?

Non, ce n’était pas un vrai choix, c'était la vie plutôt. La question du choix d'une langue me fait penser au XXème siècle, où c'était une vraie quastion. À l'image sans doute de ces blocs rigides aux frontières imperméables. Alors que je me sens vivre dans un monde différent, plus mouvant, plus protéiforme, où l'on change de pays, de continents et de langues.

Au début des années 80, Paris constituait un centre culturel attirant avec des personnalités comme Deleuze, Foucault ou Beckett. J'ai donc étudié la philosophie en français, pensé en français. Peut-être que d'autres ont fait leur choix consciemment, mais pas moi. Je vivais. La littérature, c'est vivre et puis écrire. Inventer et se confronter avec le monde. Le français s'est donc imposé de lui-même. Une langue, on la parle, on l'oublie, on la perfectionne... En faire une conception intellectuelle me semble trop rigide. Bien entendu, écrire nécessite une certaine maîtrise de la langue. Et c'est du travail, il faut que ça marche. Mais aux autres de démontrer que ça ne marche pas. Que ce n'est pas du français. Une phrase peut bien ne pas être parfaite : elle doit être efficace. Dire le monde qu’elle veut dire. Déclencher des émotions. Stimuler la pensée. Réveiller l’imaginaire. Une écriture trop léchée, académique, par contre, est stérile, morte.

Vos personnages ne sont d'ailleurs jamais confrontés à ce problème des langues, ils évoluent sur une planète unifiée dans une lutte à mort, pour reprendre le titre de votre pièce de  théâtre. Très loin d'une écriture de l'intime à laquelle on identifie souvent la littérature française?

Ces histoires d'amour qui remplissent les rayons des librairies, ce rejet d'une écriture de la violence... Veut-on vraiment, en France, comprendre le monde dans lequel nous vivons? Il y a bien entendu des auteurs magnifiques tels Pascal Quignard, Jacques Roubaud, Jean Echenoz, Marie Ndiaye, Antoine Volodine ou François Bon. Mais qui a pris la suite des Bataille, Genet, Guyotat puis Koltès dans cette généalogie formidable d'une créativité de violence et de combat? Il faut alors se tourner vers des auteurs américains tels que Delillo, Pynchon de l’Arc-en-ciel de la gravité, James Ellroy ou Ellis.

Traverser les frontières?

J'aime cette dimension dans ma vie : c'est dur de quitter son pays et sa langue, mais quelle richesse en contrepartie. Quittez une fois votre pays, et le nationalisme devient ridicule. Je vis en France depuis 25 ans, j'y ai étudié la philosophie et j'écris des livres, et on me dit encore que je suis étranger. Mais nous sommes en Europe. Pour un chinois, un américain, nous sommes européens avant tout. Vous savez, l'élite est bien formée pour comprendre le monde, mais d'un autre côté ce sont les immigrés, qui le comprenent le mieux : parce qu'ils y participent pleinement, d'en bas, dans les zones névralgiques, à la pointe de l’époque. Et ça me réjouit car j'ai connu l'Europe surgelée du XXème siècle. Cependant cet abîme entre les riches et les pauvres, ces barrières ou ces murs, est-ce là une solution politique acceptable?

Ces gens qui ne peuvent pas partir et pourtant risquent leur vie, c'est Ulysse. Quelle force, quel courage. J'appartiens à une partie de l'humanité privilégiée, mais l'immigration m'a sensibilisé à ces choix et à ces risques-là. Et c'est profondément le monde d'aujourd'hui. On ouvre un camion et il y a une dizaine d'hommes et de femmes morts, étouffés. D'autres se cachent sous les roues d'un avion sans savoir qu'ils vont mourrir gelé, c'est fou! Il faut parvenir à rendre compte de cela par l'écriture, stylistiquement. C'est sur quoi je travaille maintenant, dans le sillage de Trans et de Warax, à travers ces différentes trames, cette narration éclatée qui tend vers une représentation satisfaisante du monde actuel.

Les frontières ne sont-elles pas devenues virtuelles, déplacées au gré des différents pouvoirs opérants?

Oui, elles peuvent être matérielles, au sens classique, mais elles peuvent se situer aussi entre la Seine-Saint-Denis et les beaux quartiers. Le périphérique est une frontière, avec ses files de voitures. Il y a la Californie ou Israël, et puis il y a d'autres types de murs, entre les possibiltés et les impossibilités de construction de soi par exemple. La connaissance est une frontière, et si l'on ne possède pas le bon passeport, selon l'école à laquelle on a accès notamment, on vit une tragédie inadmissible.

La qualité de votre style d'écriture est d'interdire, au maximium, la fonction cathartique de la lecture. Pour le dire autrement, vous empêchez le poisson de se noyer, en plongeant justement votre lecteur dans un univers très cohérent. Au risque de l'étouffer?

Le roman permet de se confronter à la vie. Vivre, vivre, combien c'est important! L'art est du côté de la vie, il touche aux émotions, au corps, ça passe à travers ça.

Et il n'y a que la fiction qui puisse sensibiliser les gens, la presse est-elle incapable de faire ça?

Il faut être prudent avec les médias, ils peuvent fonctionner comme une idéologie. Même si le bon journalisme ouvre les yeux, enquête, révèle, dénonce, témoigne. Il faut toujours tout lire, envisager toutes les hypothèses, imaginer l’invraisemblable, interroger l’acquis, questionner les interdits, mettre en cause doxa et idéologies. Je vous l'ai dit, je suis très attaché à l'université, à une vraie formation de la pensée. C'est une affaire importante qui remonte à la Grèce où la pensée prend la forme de la poésie et du drame, mais aussi de la philosophie. On voit bien comme les religions poussent inévitablement aux excès, à la guerre : structurellement, on se convertit ou on est mort. Dieu ou la politique? Avec dieu, il y a une solution à tout. La politique demande que l'on se mette d'accord,  c'est le contrat social. La pensée doit se mettre au travail. Inventer. Élaborer.

Un exemple, pourquoi livre-t-on des armes vers l'Afrique? Il y aura des massacres, des guerres, forcément. Et  tous ces jeunes soldats camés à fond, cela nécessite également un traffic particulier. Il y a donc tout un univers d'enquête nécessaire sur la guerre, et à ce titre Wikileaks est intéressant. Voyez les liens entre l'administration Bush et les consortiums pétroliers ou d'armements. Plutôt que privilégier la spéculation conceptuelle, il faut se renseigner là-dessus si on veut comprendre le monde. Des faits. Sinon l'ignorance est totale. Dans ce genre d’affaires, ce type de connaissances me semble plus important qu'un essai de philosophie pour connaître le monde.

L'écrivain doit donc être un acteur politique?

Obama fait de la politique. L’artiste fait des œuvres aux résonances politiques. L’homme politique doit accepter des concessions, entrer dans l'art du compromis. L'artiste, il fait Guernica. La radicalité est du côté de l’art.

Dans Le Château, Voyage au bout de la nuit, Manhattan transfert, Naked lunch, on se confronte au pouvoir, à la vie, à l’époque, aux excès de l’existence. C'est le rôle premier de l'art. Et ça exige du temps. La peinture, la musique, la lecture, ce n'est pas du zapping. On abrutit les gens par les inventions technologiques, les gadgets, le marketing. Lire est une entreprise très forte, mais individuelle. Créer de la pensée exige du temps, de la concentration, de la patience, beaucoup de travail. Veut-on l'empêcher? Il faut se révolter. C'est ce que les jeunes doivent comprendre : s'ils se laissent tromper, ils seront perdus, morts, dominés. La révolte, c’est tout d’abord penser par soi-même. Penser contre la domination, penser contre les idéologies, penser contre l’abrutissement.

On peut lire dans Sniper : « Avez-vous des doutes? Pas moi. Je tire. (...) Comment peut-on viser ce qu'on veut tuer si on a pas les idées claires? Sans perspectives limpides le tireur meurt. Feu! Il n'y a pas d'autres méthode en ce monde ; c'est ici -sous ce ciel- qu'il faut tuer. Malgré l'inflation de simulacres de toutes sortes, il n'y a qu'un monde : celui que nous faisons surgir en tirant juste. » J'ose y lire une métaphore de l'écriture...

Tout advient par le travail, rien n'est programmé à l'avance ou intellectualisé. Vous cherchez une dynamique, un impact de la phrase, et quand c'est bon, top là. Vous pouvez ensuite vous retournez et analyser, mais ce n'est pas mon rôle.

Par exemple, le personnage d'Ed Ted Warax, dirigeant d'un complexe militaro-industriel. Son nom résonne comme une marque de fabrique. L'écrivain et ce genre de patron font presque le même boulot. Tout est dans ce presque bien sûr. L'un du côté de la monstruosité, de la guerre, l'autre du coté de l'humanité, du combat pour rester humain. Néanmoins les deux positions exigent une lucidité et une maîtrise extrêmes, cette nécessité de frapper juste. Une phrase doit déclencher des émotions. Nous vivons dans une réalité qui s'échappe ou qui fuit, opaque, difficile à cerner, alors il faut ramener le lecteur à cette sorte de drame qu’est le monde, mais pas à travers les pleurs ou les bons sentiments. Pour mener une guerre, il faut beaucoup de qualités. Comme pour mener une véritable entreprise d'écriture.

Revenons sur ce nom, Ed Ted Warax. Comme tous vos personnages, sa consonance ne doit rien au hasard...

Le nom de famille peut tourner en ridicule un personnage. « George Boss », c'est la commedia dell'arte. De la comédie sanglante, certes, mais ça dit bien la chose : un statut, une arrogance. « Warax », ça doit devenir pratiquement terrifiant et renvoyer à l'industrie de l'armement qui produit la guerre. Il y a encore « les fuyards » ou « la meute », l'abstraction d'une masse humaine à laquelle vous faites face, une entité abstraite et métaphorique extrêment puissante dans l'imaginaire. C'est une stratégie narrative indispensable dans la formation de cet univers.

Ce qui m'intéresse, c'est le monde d'aujourd'hui. J'ai lu assez tard Manhattan transfer de Dos Passos et ce roman m'a fasciné. Il est d'une fraîcheur incroyable, il saisit le moment où tout change : ce n'est plus Londres, l'empire britanique s'effondre et c'est désormais New-York. Comme chez Balzac, il y a des personnages incontournables pour parler d'une époque. L’écrivain doit proposer des personnages qui parlent du monde d'aujourd'hui. La violence inhérente au business renvoie au comportement des hommes d’affaires, à leurs relations aux autres, y compris les femmes. La puissance romanesque doit le refléter, avec une force et une violence qui me semblent alors nécessaires.

« C'est au coeur des mutations actuelles que nous devrons forger nos armes. » Tiré de Trans, cette phrase me semble bien illustrer l'originalité de vos construtions narratives...

Oui, il faut trouver cette forme d'ensemble, cet enchevêtrement d’histoires et d’existences, cette multiplicité de points de vue, qui caractérisent notre monde multipolaire. Je reviens à Dos Passos de Manhattan transfer. Sa force est là, dans toutes ces existence mêlées, l'accélérations des vies. C'est du génie, il invente des personnages et la forme narrative qui leur convient. C'est encore bouleversant cent ans plus tard. Mais encore une fois, notre problème aujourd'hui se situe ailleurs. Il faut donc inventer une écriture capable de décrire ce monde-ci.

Nous ne  vivons pas ce totalitarisme à la Orwell. L'armement ou la banque ont créé des univers très organisés qui réclament un haut niveau de conscience. Il y a un clivage entre des élites, des ensembles « durs », et une masse d'individus qui n'ont aucun rôle, sinon de travailler et de voter. Manipulés, ou tout simplement dépassés par ce qui leur arrive, sans moyens d'expression, condamnés à la consommation de voitures, de médicaments, de produits de sous-culture... De livres également, qui sont comme du mépris à l'égard de ces gens qu'on prend pour des crétins. Alors qu'ils ne le sont pas : ils se battent dans leur existence, ils souffrent, ils sont malheureux, ils aimeraient vivre, trouver des solutions à leurs problèmes, mais on ne leur offre que des solutions débilitantes. La blague, c'est qu'on ne vous demande pas de vous suicider : on vous demande de vous « tuer » au travail.

Vous décrivez à peine vos personnages. Pourtant ils s'incarnent vigoureusement parce que leur corps est systématiquement mis en jeu à travers le travail, la violence ou le sexe. Vous mettez notamment en scène des bourreaux particulièrement terrifiants. Ils semblent d'une extrême lucidité au coeur de leur propre délire.

Leurs pulsions se déchaînent, oui, c'est un des enjeux de montrer cela. Ces pulsions qui se déclenchent dans un cadre de guerre, qu'on organise et qu'on provoque politiquement. Mais ces comportements ont rarement lieu hors de ce contexte. Le cadre qui produit ce type de déchaînement m'intéresse. Comment l'aborder sans cet horrible discours de bonté qui produit des romans atroces, insupportables, humainement et éthiquement.

Baudelaire disait « Le diable, je suis bien obligé d'y croire, car je le sens en moi! »

Je ne crois pas au diable. Mais si l’on le prend comme métaphore, alors oui, le diable en nous, il faut l'assumer : le tortionnaire en nous, le marchant d'armes, l’affreux carriériste, le minable escroc... On ne veut pas de romans qui proposent ce type de personnages, mais ces personnages représentent à chaque fois un univers mental, une vision du monde, un éventail de pulsions, un type de comportement, qu’il faut affronter, analyser, comprendre, montrer. Les femmes comprennent souvent mieux ce travail, elles qui connaissent aussi mieux cette violence. Les critiques virulentes viennent souvent des hommes.

Les femmes qui, dans vos romans, subissent le pire.

Oui c'est vrai. Ces personnages de femmes sont souvent révélatrices. Je suis de leur côté : elles sont souvent dans des positions de faiblesses, comme les immigrés, ceux qui n'ont pas droit à la parole. Warax est cependant un univers très masculin. Dans la guerre, dans le business, il y a moins de place pour les femmes. La destruction, la concurrence, la volonté d’anéantir, le désir d’éliminer l’autre, laissent peu de place pour aimer. Et je ne parle pas d'histoires d'amours mièvres comme on les lit dans trop de romans insignifiants sans aucune valeur littéraire. Aimer est une affaire sérieuse chez l'être humain.

Vous avez écrit une pièce de théâtre, Lutte à mort.

Écrire un roman est un projet massif, de plusiers années souvent. Il faut se relancer via d'autres expériences, alterner majeur et mineur, changer de forme. J'éprouve une fascination très grande pour le théatre. À travers la Grèce d'abord, puis de dramaturges comme Heiner Müller ou Edward Bond. Tracer ce demi-cercle à terre et en faire un espace de représentation, c'est fascinant et ça fonctionne toujours! Koltès représente pour moi le meilleur du théâtre français. La puissance évocatrice de ses didascalies par exemple : « envol d'oiseaux ». Cette qualité me parait déterminante pour être capable de refléter notre monde, ses changements rapides.

On peut d'ailleurs retrouver ce genre d'efficacité du côté de la publicité : deux ou trois mots explosifs, comme une mine anti-personnel, vous marchez dessus et vous perdez votre jambe. Il n'y a pas de mystère. Seulement beaucoup d'argent investi, qui attire beaucoup d'intelligence. On n'écrit plus de romans, on fait de la pub. On ne joue plus de théâtre, on arrange des vitrines de magasins de luxe. On a tout fait pour que la mort règne, et ça concerne aussi l'édition ou le cinéma. On a renoncé à une politique culturelle forte.

Alors comment s'exerce aujourd'hui le métier d'écrivain?

Il n'y a pas de recette ou de modèle. C'est très personnel, ça s'invente, ça évolue selon les nécessités du moment, de l'âge, des circonstances. Il faut toujours inventer son propre régime de création. La mise au point de la stratégie que constitue une entreprise d'écriture est passionnante. Ne jamais discuter les conditions, faire face à la nécessité. Être créatif. Si elle est nécessaire pour quelqu'un, une entreprise intellectuelle devient vitale. Un matériau qui se travaille sur plusieurs années se condense ensuite sur un travail de quelques mois. Bien entendu, personne ne travaille comme un fou pendant des années s'il n'y a pas un enjeu plus existentiel, une reprise de sa propre vie, une exigence de penser, un besoin de comprendre, une véritable jouissance. Et puis on oublie souvent de lire avant d'écrire, des gens se prennennt pour des écrivains mais n'ont rien lu, c'est fantastique!

Vous connaissez votre lecteur?

Le lecteur est toujours là. La relation aux autres est constitutive depuis toujours. Depuis la naissance, depuis avant la naissance. Pas de langue, pas de pensée, pas d'émotions, pas de désirs sans un rapport constitutive aux autres et au monde. Je me sens impliqué dans le monde. Il faut en donner une image. Ensuite, si on trouve mes livres trop violents, ce n'est pas mon problème. J’essaie de faire de la littérature qui n’élude pas les principaux problèmes de l’époque. J'ai une confiance totale dans le lecteur, qui est tout sauf un imbécile.

Une confiance que vous étendez à l'édition?

J'envoie toujours mes manuscrits par la poste. Après de nombreux refus – on trouvait mes textes trop violents, pornographiques, on me disait que ce n'était pas de la littérature – Tristram m'a répondu. Le Seuil ensuite. Publier ce genre de littérature tient du miracle en France. L'establishment de l'édition est d'une telle timidité, impose de telles barrières, oblige à tant de « performances » extra-littéraires. Je rêve de connaître toute cette littérature qui n'a pas été publiée.

Propos recueillis par Lorent Corbeel